Boucar Diouf remet le ministre Guilbeault à sa place dans un débat qui fait énormément réagir
PAR ARMIN 5 DÉCEMBRE 2022 (11H48)
Le ministre Guilbeault a parlé du rôle du Canada dans la lutte contre les changements climatiques avec Alice de Swarte, directrice de la Société pour la Nature et les Parcs - Section Québec. Son discours se voulait positif et rassurant.
Mme de Swarte a vivement critiqué l'apparente apathie de nos gouvernements - tant fédéral que provincial - dans ce domaine.
« Le défi en ce moment c'est qu'on a deux paliers de gouvernement qui sont assez ambitieux sur la scène internationale à promouvoir des cibles comme celle de 30% ou même en terme de soutien pour la question des droits humains et des peules autochtones. Après, on a plus un enjeu sur ce qu'on voit au niveau domestique dans la mise en oeuvre.
Ça c'est un premier enjeu, on voudrait voir des démonstrations très concrètes du sérieux des gouvernements à atteindre ces objectifs et pas seulement dire sur la scène internationale qu'ils vont le faire. Et un autre enjeu collectif que je pense que nous, la société civile, on essaie d'amener sur la place publique à cette COP, c'est les conséquences sous-jacentes du déclin de la nature.
On parle de nos modes de production, nos modes de consommation, nos modèles d'investissement. Ça c'est une discussion qu'il faut absolument commencer à avoir en marge des COP sur la biodiversité, en marge des COP sur le climat: on a besoin de changements de paradigmes profonds au niveau des valeurs. »
Ça c'est un premier enjeu, on voudrait voir des démonstrations très concrètes du sérieux des gouvernements à atteindre ces objectifs et pas seulement dire sur la scène internationale qu'ils vont le faire. Et un autre enjeu collectif que je pense que nous, la société civile, on essaie d'amener sur la place publique à cette COP, c'est les conséquences sous-jacentes du déclin de la nature.
On parle de nos modes de production, nos modes de consommation, nos modèles d'investissement. Ça c'est une discussion qu'il faut absolument commencer à avoir en marge des COP sur la biodiversité, en marge des COP sur le climat: on a besoin de changements de paradigmes profonds au niveau des valeurs. »
À ce moment-là, Patrick Huard a demandé s'ils devaient se concentrer sur la décroissance.
« On essaie de ne pas tomber dans des discours trop polarisants. Il y a des solutions, l'idée ce n'est pas de revenir à un mode de vie comme au Moyen-Âge, c'est plutôt de voir comment on peut avoir une croissance qui est compatible, qui est dans la limite de la capacité de support de nos écosystèmes. »
C'est alors que le ministre Guilbeaut intervient:
« Ça dépend comment on mesure la croissance. Est-ce qu'on mesure juste la croissance en termes de dollars par année par pays? Ou est-ce qu'on peut mesurer la croissance au niveau de l'éducation, de l'égalité entre les hommes et les femmes, de la culture. Il y a de plus en plus de pays qui commencent à regarder et à se doter d'indices, et le Canada en fait partie, pour mesurer la croissance autrement que juste en termes économiques. »
Boucar Diouf donne ensuite son avis:
« Moi je pense que la croissance en termes économiques est importante. On l'a vu avec le début de la COVID. Quand la COVID est arrivée c'est comme si les animaux sont sortis du bois en se disant où sont passés les humains? Partout dans les villes on l'a vu. Et je pense qu'on ne peut pas parler de sauver la biodiversité - sinon ça va être comme les COPs sur le climat. On l'a vu, les COPs sur le climat la grande majorité des gens se réunissent et se fixent des objectifs, mais en réalité il ne se passe pas grand chose. »
« Moi je ne suis pas d'accord », rétorque le ministre de l'Environnement, mais Boucar poursuit.
« Oui, je sais que tu n'es pas d'accord, mais ce que je veux dire c'est qu'on ne peut pas parler de sauver la biodiversité sans imposer une frontière à l'espèce humaine. Ça veut dire confinement géographique, économique et démographique. Si on ne va pas là-dedans, on ne peut pas dire qu'on va sauver la nature. Edward Wilson a calculé que le rythme d'extinction des espèces aujourd'hui est de 100 à 1000 fois supérieur à la dernière grande extinction qui a emporté les dinosaures. »
Source: Monde de stars
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